Le rap fait partie des genres musicaux parmi les plus écoutés de nos jours. C’est particulièrement le cas en Europe francophone où il suffit de se pencher sur les charts français pour en convenir. Cependant, il n’est qu’une émanation d’un genre plus large, le Hip-Hop. Loin de se cantonner à la musique, il a mis en œuvre quantité de nouvelles expériences artistiques. Le contexte sociologique de son émergence lui a conféré un bagage politique important, mais sa nature a fortement évolué au gré des époques.
C’est aussi le cas à Bruxelles où son histoire, si elle ne peut être dissociée du mouvement général, a sa chronologie qui lui est propre. Dans cet article, Futurgrooves se propose de relater les péripéties du Hip-Hop dans la Capitale, de son éclosion jusqu’à son succès actuel qui dépasse les frontières.
LE HIP-HOP, ENTRE BESOIN D’EXPRESSION ET VOLONTÉ ARTISTIQUE
Le Hip-Hop, c’est un genre qui jaillit du croisement entre le graffiti, la danse et la musique. Il est un lieu de convergence, regroupant une multitude d’individus issus d’un contexte social commun. En son sein se loge une dimension contestataire forte, maturée dans les milieux populaires et d’immigration. Ses premières trémulations résultèrent d’une envie irréfrénable d’expression, d’une volonté d’être entendu, d’avoir un accès à la Cité – entendre la Ville – qui les rejette. Outre l’intention de dépeindre une réalité et un vécu reniés ou négligés, il est l’expression d’une vraie révolte sociale, faisant de l’illégalité un de ses principaux constituants.
Le Hip-Hop, c’est, aussi, un genre qui fédère des individus animés par la recherche du plaisir artistique. Pratiquer son art, c’est se donner la capacité de pouvoir être un acteur culturel dans la société. Ainsi, s’ajoute à sa dimension politique une esthétique nouvelle dont les éléments visuels et les références s’enracinent dans la culture de masse. Des symboles et figures provenant de la télévision, des jeux vidéo, de la BD, des Pubs, etc, foisonnent dans ses œuvres, se voient transformés, réappropriés.
L’ÉCLOSION
Graffiti et tag
Il est difficile d’historiser les débuts du Hip-Hop, dépourvus de traces écrites. Il semblerait cependant que les premiers soubresauts se soient exprimés au travers du graffiti. Initialement porté par des ados, son caractère illégal lui conférait toute la substance de rébellion que cherchaient ses praticiens. Ainsi en voit-on les premières traces à Bruxelles en 1985, notamment dans les quartiers de Schaerbeek, des Marolles, mais aussi à Liège et à Charleroi.
À distinguer du graffiti, le tag est la signature de l’artiste. Il est le témoin de son style, de son geste, des formes et des tracés qu’il favorise. En somme, il est sa « patte ». Ainsi, les graffitis se prédisposèrent à devenir des œuvres signées, témoignages d’une intention artistique, si bien qu’ils devinrent de plus en plus sophistiqués, calligraphiés, arborant des contours et des formes particulières. Agrandis, accompagnés de personnages, le graffiti se présentera graduellement comme un art à part entière, cultivé par ses figures de renom. Dans la capitale, les Shake, Zone, Tras, Roel, font partie de collectifs – les Posses – tels que RAB, CNN, ROC, BH34. Le mouvement se met en branle.